Mélancolie, oui … Elle se souvient de ses jeunes années, celles où elle promenait son sourire radieux le long de son chemin la menant à l'université, seul accès à un métier digne, respectable, ce chemin quotidien de la connaissance … Non, Emma n'était pas blasée, constatant la mine affaissée de ses comparses des bancs universitaires et s'étonnant que, dans un pays comme la France, on soit ennuyé de la transmission de divers savoirs …
Elle se souvenait de ses amours, et notamment de son premier. Elle en avait tant rêvé, de ce premier baiser. Elle se parfumait à l'ivresse, elle s'habillait au bonheur, elle se mettait une touche d'éternité dans ses yeux qui faisait fantasmer tous les jeunes étudiants en mal d'affection. Ce qu'elle était frivole, une Georges Sand dans l'inspiration qu'elle suscitait, une Simone de Beauvoir dans le volontarisme et une Laure Adler dans le féminisme !
Emma, oui, avait une vie rêvée, elle arrivait à marier ses songes avec la réalité, elle menait doucement, comme une barque le long d'une rivière en plein été, son chemin délicat. Elle aimait qu'on l'effleure, elle aimait aussi les déclarations courtoises. Elle aimait les poètes, ceux qui déclaraient des élégies, ceux qui lui feraient l'apologie de son corps sublime, arrivant à dépasser les frontières de la contemplation…
Emma est une jeune femme cultivée, mais, hélas, la culture ne nourrit pas toujours. En froid avec sa famille avec laquelle elle a connu des disputes enflammées, elle s'est tout simplement tirée de sa maison confortable pour retrouver la rudesse des hôtels minables, des rues pauvres et dangereuses et des logements de fortunes, la joie de ses années légères se transformant doucement en descente aux enfers …
L'inconnu lui ouvre. Sourire démoniaque et pervers du oisif qui va, à coup sûr, ne pas lui écrire une prose élogieuse …
Mounir Belhidaoui
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